Le plan national pour la cyclo-logistique

source : plan national pour la cyclo-logistique parru le 5 mai 2021 – Ministère de la Transition écologique

Un an après le lancement du plan de vélo, le Gouvernement met en place un plan national pour la cyclologistique pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) issus du transport de marchandises. Au total, 12 millions d’euros de certificats d’économie d’énergie lui sont consacrés.

La cyclologistique : un mode de livraison en plein essor

Accéléré par la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus, le développement de la livraison en ville a un impact lourd sur la pollution de l’air et contribue, dans plusieurs villes françaises, au dépassement régulier des seuils de pollution atmosphérique autorisés. À Paris, si le transport de marchandises ne représente que 15 à 20 % du trafic, il génère 45 % des particules fines émises.

Morts dues à la pollution de l’air chaque année


Pour réduire les émissions de polluants atmosphériques liées au transport de marchandises, la part modale de véhicules utilitaires polluants doit baisser.  À l’instar de l’usage du vélo pour les déplacements de moins de 5 kilomètres, la cyclologistique est une solution propre, rapide et qui demande peu d’espace logistique urbain (espace dédié à la logistique en ville), adaptée à une grande partie des besoins de livraison en ville.

Un vélo cargo triporteur possédant une caisse de 1 500 L émet 85 % de CO² en moins qu’un véhicule thermique de la même capacité.

Alors que la vente de vélos cargos est en forte augmentation sur l’année 2020, l’objectif du plan national cyclologistique est de favoriser le recours à ces modes de livraison propres, grâce à la mise en place d’incitations économiques pour les acteurs du secteur et au déploiement d’infrastructures nécessaires à son essor.

de hausse des ventes de vélos cargos en 2020


Le projet de plan en faveur de la cyclologistique s’inscrit dans un contexte d’accélération des mesures pour développer la mobilité propre en zone urbaine :

  • lutte contre la pollution de l’air, dans le respect des directives européennes ;
  • développement des zones à faibles émissions (ZFE) sur l’ensemble des agglomérations de plus de 150 000 habitants ;
  • stratégie nationale bas carbone : -28 % des émissions de GES du transport, en 2030, par rapport à 2015 ;
  • plan national mobilités actives visant un triplement de la part modale du vélo, d’ici 2024 ;
  • mission logistique urbaine durable installée lors du comité interministériel de la logistique du 7 décembre 2020;

Axe 1 : Favoriser le démarrage des activités de livraison vélo

Soutenir la livraison par vélo cargo

Financé par les certificats d’économie d’énergie (CEE), le dispositif ColisActiv permet de soutenir les acteurs de la livraison par vélo cargo grâce à une aide financière sur trois ans. Il représente jusqu’à deux euros par colis pour les 500 000 premiers en année 1, jusqu’à 1,30 € pour 1,5 million de colis en année 2, et 0,6 € pour 3 millions de colis en année 3.

À ce jour, 4 villes tests peuvent bénéficier de cette expérimentation en contrepartie d’un cofinancement du dispositif :

  • La communauté d’agglomération d’Angers Loire Métropole, où la mise en place d’une ZFE est prévue au plus tard en 2025 ;
  • La communauté urbaine du Grand Reims, où une ZFE sera mise en place avant la fin de l’année 2021 ;
  • L’établissement public territorial Paris-Est-Marne et Bois, où une ZFE existe déjà ;
  • La métropole Grenoble-Alpes, où une ZFE existe déjà.

Dès le mois de juin 2021, toutes villes ayant mis en place une ZFE, ou qui en créent une en 2021, seront éligibles au dispositif sous réserve d’apporter un cofinancement.

Accompagner la création d’entreprises cyclologistiques et l’équipement des professionnels

Courant 2021, une aide à l’achat de vélos cargos, avec ou sans assistance électrique, sera mise en place pour les professionnels. Elle dépend du vote favorable du projet de loi Climat & Résilience, et les modalités d’accès doivent encore être précisées.

Porté par l’énergéticien Eni et l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie), le programme CEE « Ma cycloentreprise » a pour objectif de faciliter la création de microentreprises dans le champ de l’économie sociale et solidaire pour favoriser l’emploi éthique et local.

Le programme CEE V-logistique, actif jusqu’à la fin de l’année 2021, permet de faciliter le prêt de vélos cargos à assistance électrique pour les professionnels désireux de tester leur utilisation.


millions d’euros de CEE mobilisés par l’État en faveur de la cyclologistique

Inciter au remplacement de vieux véhicules thermiques par des vélos électriques

Actuellement, la prime à la conversion constitue une aide pour l’achat d’une voiture, d’une camionnette, ou d’un deux-trois roues motorisé, suite à la mise au rebut d’un véhicule classé Crit’Air 3 ou plus. En parallèle, de plus en plus de professionnels font le choix de remplacer leur véhicule motorisé par un vélo cargo

Dans cette optique et dans le cadre du projet de loi Climat & Résilience, le Gouvernement étend la prime à la conversion au vélo afin d’inciter davantage à la transition des usagers. Concrètement, cela permettra :

  • d’élargir la prime à la conversion aux personnes et aux entreprises souhaitant remplacer un vieux véhicule par un vélo à assistance électrique ;
  • de renforcer le bonus Vélos à assistance électrique pour mieux prendre en compte les vélos cargos.

Les arbitrages sur les montants précis de la prime à la conversion vélos électriques seront rendus prochainement.


Axe 2 : Mobiliser les parties prenantes 

Donner l’exemple dans la sphère publique

L’État et les collectivités locales sont d’importants consommateurs de plis et de colis. À travers les marchés publics, ils peuvent fortement favoriser l’essor des livraisons à vélo.

Le projet de loi Climat & Résilience prévoit la généralisation des clauses environnementales dans les marchés publics sous cinq ans. Le plan national pour les achats durables (PNAD) prévoit que le transport et la logistique soient parmi les secteurs prioritaires pour la mise en œuvre de ces clauses.

Développer des produits d’assurance adaptés

Pouvoir facilement assurer les équipements comme biens transportés constitue un autre aspect essentiel du développement de la cyclologistique. Ces produits manquent sur le marché aujourd’hui et de nombreux entrepreneurs à vélo ne sont pas assurés du fait de l’absence d’offre adaptée.

Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, réunira prochainement les acteurs du secteur afin de les inciter à proposer des solutions adaptées au transport de marchandise par vélo.

Faciliter l’engagement des principaux donneurs d’ordre à orienter une part croissante de leurs flux vers des solutions vélos

Les grandes sociétés de livraison traitent plus de 90 % des colis en France métropolitaine. L’orientation de leurs flux vers des modes décarbonés comme la cyclologistique est décisive. C’est déjà le cas du Groupe La Poste, qui privilégie les tournées de facteurs à pied et en vélo à assistance électrique dans les cas adaptés.

L’objectif du Groupe La Poste est d’opérer par des solutions de cyclomobilité ses livraisons de colis en cœur de ville dans les 40 plus grandes villes de France.


Axe 3 : Faciliter la cyclologistique en ville

Faciliter la mise à disposition de locaux pour les hubs logistique vélo.

Le développement de la cyclologistique en ville nécessite des aménagements et une organisation différente pour le tri et la distribution des colis. Des pistes cyclables, places de livraisons dédiées et locaux spécifiques permettront de répondre à ces besoins, en accord avec l’évolution de la réglementation en ville qui limite la place des véhicules thermiques, de grand gabarit et de stationnement.

Des établissements publics sous tutelle du ministère de la Transition écologique ont été mobilisés pour favoriser la mise à disposition de locaux vacants en cœur de ville pour accueillir des activités de cyclologistique.

Le guide européen «A Guide to Planning Cyclelogistics Hubs » sera adapté au contexte français pour aider les collectivités locales mettre en place des hubs cyclologistiques pertinents.


Axe 4 : Développer l’innovation urbaine et l’open data

Appuyer le développement de la cyclologistique à travers des solutions digitales innovantes

Pour optimiser les chargements et itinéraires de livraison, les acteurs de la cyclologistique utilisent des applications commerciales dédiées à la circulation en vélo, qui ne prennent pas en compte les enjeux spécifiques de la cyclologistique (disponibilité des places de livraison, largeur des pistes cyclables, passages impraticables en vélo cargo, etc). Plusieurs initiatives soutiennent l’innovation dans ce domaine. 

Dans le cadre du 4e Programme des investissements d’avenir (Pia4), des crédits sont dédiés à la logistique 4.0. Un appel à projets spécifique ciblera la création d’une application dédiée à la circulation pour la cyclologistique.

Soutenir les démarches permettant de générer une connaissance fine et en temps réel des infrastructures vélo dédiées à la cyclologistique

Les vélos cargos qui sillonnent les villes en permanence pour la livraison de colis peuvent être utilisés comme support pour différents types de capteurs. De fait, leur usage peut être optimisé pour récolter des données diverses.

L’appel à projets Avelo de l’Ademe aide les collectivités locales à se doter de schémas cyclables. Les projets utilisant les données des cyclologisticiens sont rendus éligibles

Promouvoir la cyclologistique auprès du grand public 

La connaissance des bénéfices et des solutions offertes par la cyclologistique est un levier majeur pour développer ces activités chez les professionnels, mais aussi auprès des usagers.

L’Ademe développe une série de vidéos pédagogiques « 12 clés pour investir dans le vélo », dont plusieurs sont dédiées aux usages professionnels du vélo. Elle finance également la 1re édition de l’observatoire de la cyclomobilité professionnelle. Une enquête est en cours, pour mieux comprendre les pratiques pour permettre l’amélioration des écosystèmes.

Un engagement inédit en faveur de la pratique du vélo :

  • 215 millions d’euros déjà engagés dans le cadre des appels à projets « continuité cyclable » ;
  • +30 % de pistes cyclables sécurisées en France depuis 2017 (soit 10 000 km) ;
  • près de 2 millions de vélos réparés grâce au Coup de pouce vélo ;
  • programme académie des métiers du vélo afin pour former de nouveaux réparateurs ;
  • mise en place du forfait mobilités durables pour développer la pratique cyclable des salariés ;
  • obligation de 8 emplacements de vélo dans les trains neufs et rénovés ;
  • obligation d’emport de 5 vélos dans les cas de trajets longue distance ;
  • stickers « attention angle mort » obligatoires sur tous les poids lourds ;
  • marquage obligatoire pour tous les vélos neufs.

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