Comment les progrès technologiques affecteront-ils l’écosystème des livraisons du dernier kilomètre, les clients et la dynamique concurrentielle ?
McKinsey a dévoilé en juillet dernier une prospective actualisée des évolutions technologiques sur le dernier kilomètre.La technologie est en train de créer de nouveaux usages. Il faut toutefois noter que même si les consommateurs sont non seulement de plus en plus exigeants, ils sont aussi extrêmement sensibles aux coûts et qu’ils sont peu disposés à payer pour plus de commodité. 1 À moyen terme, les véhicules de livraison autonomes seront la technologie dominante dans la livraison du dernier kilomètre. Ces technologies permettront d’offrir aux consommateurs un plus grand confort de livraison à moindre coût et elles devraient modifier de manière significative le paysage concurrentiel. McKinsey montre des exemples de pilotage technologique et de tests à travers le monde, et mets en évidence le début de la production en série et du déploiement de la technologie par plusieurs entreprises.
Le rythme du développement technologique est plus rapide que prévu et transforme déjà la livraison du dernier kilomètre.
A Court terme
McKinsey s’attend à ce que les véhicules électriques (VE) et la présence accrue de la technologie de livraison autonome constituent la première vague de technologie. Elle transformera la livraison du dernier kilomètre, ce changement est en cours. Les technologies sont prêtes à être mises sur le marché et évolutives, chacune contribuant à la rentabilité, à la commodité du consommateur ou à la conformité réglementaire. Au fur et à mesure que les villes contraignent les zones de livraisons, le type de véhicules et leurs normes d’émission, il est logique que le déploiement des VE dans la livraison du dernier kilomètre soit l’une des premières technologies à obtenir une adoption significative.A Moyen terme
D’ici 5 ans, les grandes sociétés de livraison semi-autonomes seront la prochaine tendance à être adoptée par les entreprises du secteur de la livraison de colis. Cette première étape vers une automatisation complète aidera le personnel de livraison et augmentera la productivité en réduisant le temps nécessaire pour conduire et garer les véhicules de livraisons. D’ici 5 à 10 ans, les Véhicules de livraisons Autonomes n’auront probablement pas besoin d’être accompagnés par du personnel de livraison humain et représenteront la troisième vague de livraison autonome généralisée.A Long terme
Au-delà de 2030, on s’attend à ce que les robots acheminent les colis directement aux portes des clients. Cette technologie représente une valeur ajoutée cruciale, à savoir la commodité du client, car les robots pourront prendre en charge les dix derniers mètres de livraison. Les premiers pilotes de livraison de robots sont déjà en cours (cf mon article sur les robots de livraisons). Cette technologie est coûteuse aujourd’hui, ce qui signifie que ces solutions sont loin d’être déployées à grande échelle…Les véhicules semi-autonomes et autonomes, réduisent les coûts de livraison dans les villes d’environ 10 à 40% . En revanche, les véhicules électriques ne génèrent pas encore d’économies significatives. Cela est dû au fait que le coût total du véhicule, y compris le kilométrage, représente moins de 15% du coût total de livraison du dernier kilomètre dans les réseaux denses et n’offre donc qu’une base pour l’amélioration des coûts. Par conséquent, du moins dans les villes, même des améliorations significatives du coût total de de passage à l’électrique ne devraient pas améliorer sensiblement les coûts de livraison. Néanmoins, l’utilisation de véhicules électriques deviendra probablement nécessaire pour se conformer aux réglementations de plus en plus strictes notamment relatives aux émissions.
La technologie va remodeler le paysage du dernier kilomètre et affectera la répartition de la valeur entre les acteurs de l’industrie du transport
Les opérateurs historiques continueront probablement à dominer le secteur, où la majeure partie de la redistribution de la valeur de l’automatisation aura lieu, mais les nouveaux entrants auront la possibilité de se positionner dans des segments des livraisons « jour même » et « instantanées ». 3 implications principales pour l’écosystème :- les opérateurs de messagerie, d’express et de colis (CEP – Courier/Express/Parcel) resteront probablement au cœur de l’industrie. Malgré le saut technologique assez important, les acteurs en place seront toujours bien placés pour contrôler l’essentiel des volumes de colis (75 à 80% du volume 2025) en « différé », en « B2B » et, dans une moindre mesure, en « same-day ». La nature capitalistique des réseaux de tri et de logistique à grande échelle, l’offre de service nationale voir même internationale, les économies d’échelle significatives et l’accès requis au client sont des « barrières à l’entrée » immenses pour les nouveaux entrants sur le marché et aideront les acteurs traditionnels à conserver leur domination. Cependant, certains très grands Retaillers pourront mettre un pas dans la livraison traditionnelle du dernier kilomètre dans des grandes villes à forte densité pour prendre le contrôle du point de contact client et créer des synergies avec leurs réseaux « same-day / on-demand ».
- Les nouveaux entrants. Ils se positionnent sur les créneaux émergents de la livraison du dernier kilomètre, tels que la livraison « same-day » et la livraison « instantanée/On-demand ». Ce type de livraisons représentent de véritables opportunités sur lesquelles ils sont bien positionner pour rivaliser. 2 raisons à cela : Premièrement, alors que les opérateurs historiques disposent de réseaux de distribution denses qui offrent un avantage concurrentiel (coûts) élevé dans les activités traditionnelles, les volumes livrés le jour même et les livraisons instantanées restent faibles, facilitant ainsi la concurrence pour des nouveaux acteurs. Second point, les véhicules de livraisons autonomes devraient réduire considérablement les coûts d’exploitation, rendant les réseaux plus compacts moins indispensables et ouvrant la porte à de nouveaux acteurs plus petits.
- McKinsey estime que la valeur sera redistribuée entre les acteurs du CEP, les constructeurs de véhicules autonomes, les opérateurs informatiques et les clients. Nous pensons que trois points de contrôle détermineront la forme de ce changement. Plus précisément, les joueurs qui maîtrisent la planification des tournées de livraison, le routage, et la gestion des flottes autonomes sera celle qui capture le plus gros morceau du nouveau pôle de valeur. Bien que le déploiement complet de flottes entièrement autonomes ne soit pas attendu avant les années 2020, le développement technologique rapide signifie que ses futurs gagnants seront probablement déterminés dans les 2 ou 3 prochaines années, car les fondements du succès futur (par exemple, collecte de données, capacité la construction, la formation de partenariats) doivent être posés d’ici là.
Des partenariats commerciaux solides peuvent aider les acteurs de la livraison (CEP) et les fournisseurs de véhicules utilitaires à libérer tout le potentiel de valeur de l’automatisation et à assurer leur compétitivité
À l’avenir, les fournisseurs de véhicules utilitaires joueront probablement un rôle plus important dans la livraison du dernier kilomètre, car ils sont non seulement bien placés pour exploiter les flottes de livraison autonomes (gestion de flotte), mais peuvent également tirer parti de leur expertise en matière de routage. Les acteurs de la messagerie, express et colis (CEP) sont bien placés pour contrôler les principales étapes – la gestion des capacités, l’optimisation et la planification des tournées et le tri – car ils continueront à jouer un rôle de premier plan dans les activités de base. Le contrôle physique des colis confère aux acteurs du CEP la possession et le contrôle des données associées, ce qui est essentiel à l’excellence du processus. Ces changements rapprocheraient les fournisseurs de véhicules utilitaires et de la livraison de colis (CEP). Pour exploiter tout le potentiel d’efficacité, les deux parties devront collaborer étroitement dans le déploiement des véhicules autonomes et relever ensemble les défis liés aux capacités (par exemple en suggérant des places de stationnement possibles et un réacheminement instantané en fonction des informations routières). La nouvelle chaîne de valeur rapproche les acteurs de la distribution de colis (CEP) et les fournisseurs de véhicules utilitaires, ce qui rend les partenariats essentiels pour un routage efficace Un partenariat étroit devra également faciliter l’intégration et l’alignement du logiciel de routage avec l’épine dorsale informatique associé du fournisseur de véhicule (planification, optimisation informatique…). Au-delà des avancées technologiques qui profitent collectivement aux acteurs, des partenariats commerciaux solides peuvent entraîner des avantages concurrentiels pour les acteurs individuels, en fonction des rôles qu’ils jouent dans l’écosystème du dernier kilomètre. Pour les fournisseurs de véhicules, il semble avantageux de s’associer à un ou plusieurs grands acteurs de la distribution de colis (CEP) en tête dans leur pays d’origine, car ils possèdent les meilleures données et généralement la plus grande puissance d’innovation. Pour les acteurs du CEP, la taille est importante et les petits CEP risquent de prendre du retard sur la courbe d’innovations. Au global, le développement technologique extrêmement rapide, attendu pour les années à venir, devrait inciter les acteurs de la distribution de colis et des fournisseurs de véhicules utilitaires à agir immédiatement pour défendre leurs positions et saisir de nouvelles opportunités de valeur. En outre, à l’avenir, les stratégies efficaces devront s’appuyer sur un ensemble de capacités spécifiques et nécessiter une infrastructure technologique complexe et à forte intensité de ressources.Répondre à ces exigences semble trop ambitieux pour un acteur seul, McKinsey s’attend donc à ce que les différents acteurs mettent en place des partenariats commerciaux solides pour répondre à ces défis.
- Source Etude McKinsey ici
- Etude McKinsey détaillée « Fast forwarding last-mile delivery – implications for the ecosystem » – Travel, Transport, and Logistics and Advanced Industries July 2018 – ici
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